Luxation Mandibulaire



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CS avec une impossibilité à fermer la bouche (à la différence d'un trismus où ils n'arrivent pas à ouvrir la bouche)

Le diagnostic de luxation mandibulaire est simple. Le seul piège repose sur l'existence d'une éventuelle fracture associée (condyles ou plus rarement branche montante de la mandibule) qui contre indiquerait la manœuvre de réduction au domicile du patient et imposerait le recours au spécialiste. On devra suspecter une telle fracture dans un contexte évocateur de traumatisme violent.

La luxation mandibulaire fait le plus souvent suite à un effort de bâillement (d'où l'expression « bailler à s'en décrocher la mâchoire »). Plus rarement, elle peut être consécutive à un éclat de rire ou à un traumatisme relativement léger (gifle, coup de point sur le menton). Elle est responsable d'une impotence fonctionnelle immédiate et brutale. Le patient se présente « la bouche ouverte », le menton est abaissé et projeté vers l'avant. Les arcades dentaires sont écartées de 3 à 5 cm. L'occlusion buccale est totalement impossible. Le patient est incapable de parler. La salive s'écoule hors de la cavité buccale. L'examen retrouve une vacuité de la cavité glénoïde de l'articulation temporo- mandibulaire (ATM).

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Pas de Rx sauf si traumatique pour dépister une fracture associée

CAT


La luxation mandibulaire se fait toujours en avant de l'articulation, le condyle mandibulaire passant devant le condyle temporal. La réduction consiste à abaisser la mandibule et à la ramener en arrière afin que les condyles réintègrent leur position initiale au sein des cavités glénoïdes grâce à la classique «maneuvre de Nelaton ».

Le patient doit être installé face au médecin, en position assise. Sa tête est maintenue en position neutre par un aide (membre de la famille), ou appuyée fermement contre un mur (si le patient est suffisamment coopérant). Le médecin empaume fermement la mâchoire inférieure du patient. Il introduit ses pouces en position intra buccale pour prendre appui sur les faces occlusales des molaires du maxillaire inférieur. Les autres doigts maintiennent la mandibule en crochetant le bord inférieur de la branche horizontale.

La maneuvre à lieu en deux temps :

1/ On exerce, avec les deux pouces, une pression importante et maintenue destinée à abaisser la mandibule, en même temps que les doigts extra buccaux disposés sur l'angle de la mandibule et sur ses bords horizontaux font basculer la mâchoire vers le bas et vers l'avant (ouverture forcée de la bouche) afin de désenclaver les condyles. On doit percevoir un claquement caractéristique au moment du déplacement du maxillaire inférieur.

2/ On pousse enfin la mandibule vers l'arrière tout en maintenant la pression vers le bas pour permettre aux condyles de réintégrer les cavités glénoïdes.

La fermeture de la bouche signe la réduction complète de la luxation et donc la réussite de la manœuvre.

La maneuvre de Nelaton n'est efficace que si elle est réalisée précocement. Dans le cas contraire, la contracture des muscles masticateurs qui s'installe rapidement compromet sa réussite et impose le recours au spécialiste (infiltration anesthésique locale des articulations temporo mandibulaires, parfois même anesthésie générale).

La maneuvre de Nelaton est une « maneuvre de force » il ne faut pas hésiter à mobiliser très fermement la mandibule pour pouvoir vaincre la tension des muscles masticateurs.

Il est prudent de protéger les pouces de l'opérateur en utilisant une compresse maintenue en place par du sparadrap (risque de morsure).

Chez un sujet particulièrement anxieux, une prémédication anxiolytique peut parfois s'avérer nécessaire. Elle repose sur les benzodiazépines (Valium® 10 mg/IM ou Hypnovel® 5 mg/IM).

 

Dans un second temps la réalisation de clichés radiographiques de contrôle est indispensable pour s'assurer de la qualité de la réduction et pour rechercher une éventuelle fracture associée passée inaperçue. En cas de doute on pourra parfois avoir recours à un panorex ou à des tomographies comparatives des articulations temporo mandibulaires. Enfin, une luxation récidivante doit faire rechercher l'existence de lésion des articulations temporo mandibulaires (aplatissement des condyles).